Réaction au mot du président de pharmagenève

27 novembre 2014

Notre président observe que la pharmacie suisse est en pleine ébullition, la révision de la LPTh a ses partisans et ses détracteurs. Il est bien vrai que pharmaSuisse est pour la disparition de la liste C, alors que pharm!action est pour son maintien. Il aurait été plus avisé de dire que notre profession est en pleine autodestruction par la faute de ceux qui ont la responsabilité de la défendre, mais qui ne le font pas.

Dans un bel euphémisme, le président accuse Pharm!action de « faire capoter la disparition de la liste C et par là-même les nouvelles prestations qui seraient attribuées à la profession … ». Si notre président avait bien lu la pétition de pharm!action, il aurait constaté qu’il est écrit : « Les pharmaciens sont sensibles à la reconnaissance de leurs compétences dans le conseil des médicaments de la liste B, c’est une reconnaissance méritée de leur formation universitaire et de leur capacité à assumer cette responsabilité, mais cela ne doit pas se faire en sacrifiant la liste C et les qualifications nécessaires pour sa bonne dispensation. » Pharm!action est pour le maintien de la liste C et pour de nouvelles prestations, il n’y a pas d’antagonisme entre les deux, mais bel et bien une complémentarité.

Le mot du président laisse déduire qu’on ne peut pas être à la fois pour le maintien de la liste C et pour l’attribution de nouvelles prestations au pharmacien, comme s’il existait un deal entre pharmaSuisse et les autorités : la liste C contre de nouvelles prestations. Si un marché était conclu dans ce sens, il faut le dire ouvertement aux pharmaciens qui sont assez adultes pour faire leur choix.

Le président reconnait que la disparition de la liste C fragilisera le pouvoir économique de l’officine, mais que les chambres fédérales ont opté pour un processus d’automédication responsable par la suppression de la liste C. Peut-on vraiment admettre que l’automédication débridée est responsable, quand on connait les dégâts qu’elle provoque dans les pays où elle est appliquée ? Il dit aussi que personne n’a soutenu les pharmaciens pour défendre notre liste conseil … une liste C que de toute manière nous ne sauverons probablement pas (?). On voit que l’excuse de la volonté politique n’est pas encore un argument éculé, et qu’il faut une fois de plus lâcher la proie pour l’ombre, et attendre Santé2020, dans six ans, sans savoir vraiment ce qui nous attend.

Les nouvelles prestations sont censées élargir les services rendus par les pharmaciens. Celles-ci doivent être respectées et rémunérées pour elles-mêmes, et non pas servir à combler les pertes engendrées par l’établissement des prix A/B LS et les rabais octroyés par voie conventionnelle. Les rabais concédés, sur un prix défini neutre, infligent des pertes supplémentaires de CHF 25’000 pour chaque million facturé. Rien que pour combler les pertes par rabais, il faut 521 entretiens de polymedication ou 1250 vaccinations, en supposant que chacune soit rémunérée de CHF 20.

Pour éviter de disparaître ou de remettre leur pharmacie parfois familiale, des pharmaciens espèrent combler leurs pertes par la vente des médicaments de la liste C, de la parapharmacie, certains par la vente de toutes sortes de produits : bijoux, sacs à main, T-shirts, pantoufles, maillots de bain …, d’autres hébergent des agences postales, ou organisent des loteries pour attirer la clientèle, font des cadeaux d’anniversaires, fixent des jours pour des réductions particulières afin de promouvoir la vente de produits non pharmaceutiques.

Il est malvenu de critiquer Pharm!action dans sa lutte pour défendre un prix LS conforme à la loi et de s’opposer à la disparition de la liste C.

Chères consœurs, chers confrères, ne devons-nous pas regarder la réalité en face ?

Celle-ci est illustrée dans les tableaux annexés et dans l’analyse des chiffres de l’OFSP que nous avons adressée auparavant aux pharmacies, et personne à ce jour ne les a contestés depuis que nous les avons présentés à l’OFSP, au Chef du DFI et à Monsieur Prix.

Pharmasuisse ne dénonce-t-elle pas, elle-même, que plus de 30 % des pharmacies sont en grandes difficultés ? Elles vont maintenant encore perdre la liste C ?

Pharm!action se bat au quotidien pour tenter de sauver nos pharmacies et la dignité de notre profession.

A vous de réagir maintenant, rien n’est perdu si nous nous mobilisons ensemble pour faire valoir légitimement le rôle qu’assume notre profession et assurer nos moyens d’existence.

A bon entendeur salut !

G. Bédat

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